Quand la confiance devient une ascension intérieure
Dans la conversation, Catherine Cornil décrit avec précision ce que signifie faire confiance lorsqu’on ne fonctionne pas selon les normes neuromajoritaires. Elle compare ce cheminement à une ascension à la corde, mais une corde où les nœuds, ces appuis habituels, semblent absents.
Pour de nombreuses personnes neuroatypiques, les repères se brouillent ou ne correspondent pas aux attentes sociales. Le regard extérieur, souvent perçu comme instable ou décalé, ne joue plus son rôle d’ancrage. Alors, la seule prise qui demeure, c’est cette confiance intérieure, fragile mais essentielle.
Catherine revient sur deux phrases fondatrices qu’elle aurait aimé entendre plus tôt, de véritables permissions d’avancer :
- Tu peux avancer sans craindre la chute.
- L’absence de nœuds ne signifie pas que tu es perdue.
Ces mots rappellent que la confiance n’est pas un don, mais un apprentissage, renforcé par l’action et les micro-réussites. Les recherches académiques qu’elle mobilise — notamment celles d’Albert Bandura — soulignent que chaque expérience positive consolide la capacité à s’appuyer sur soi.
L’épisode aborde aussi la suradaptation, très fréquente chez les personnes neuroatypiques : se conformer de manière excessive aux attentes extérieures finit par fissurer la fiabilité personnelle. Retrouver une boussole intérieure implique alors de revenir à soi et de ne plus se laisser définir uniquement par les demandes du monde extérieur.
Éduquer autrement : créer des appuis invisibles
Richard Lablée et Catherine Cornil ouvrent ensuite une réflexion essentielle : comment accompagner les jeunes — neurotypiques ou neuroatypiques — dans la construction d’une confiance durable ?
Pour Catherine, l’éducation devrait consister à fabriquer des nœuds sur la corde intérieure de chacun. L’objectif n’est pas de diriger, mais de permettre à chaque élève de former ses propres appuis. Cela suppose de ne pas lâcher la main trop tôt : guider sans enfermer, soutenir sans imposer, accompagner la naissance de repères authentiques.
L’épisode met également en avant une démarche rare : l’utilisation d’une échelle de fiabilité des sources. À l’heure où la surcharge informationnelle brouille les certitudes, aider les jeunes à distinguer savoir, opinion et simplification devient un enjeu éducatif majeur.
Cette classification — recherche académique, institutions reconnues, médias experts — vise à cultiver un réflexe de discernement, indispensable pour naviguer dans le monde actuel.
Le duo aborde enfin la question douloureuse de la rupture de confiance. Une trahison peut effacer en un instant les repères patiemment construits. Les recherches en psychologie montrent toutefois que cet effondrement peut devenir un lieu de reconstruction, à condition de nommer la blessure et de restaurer la cohérence interne.
L’épisode se clôt sur une vision résiliente :
La confiance en soi ne promet pas l’absence de chute.
Elle promet que, même lorsque la corde semble sans nœuds, on possède toujours la capacité de remonter.